Road trip en Californie (2) : le début du cauchemar
Après Barcelone c’est en Californie aux USA que je décide de poser mes valises pour un road trip découverte courant Septembre – Octobre 2017. Un voyage mouvementé dont je vous relate l’histoire sous forme de roman pour vous plonger au coeur de l’action. Suspense et nerfs à vifs, c’est dans la 2ème partie !
Et si vous avez manqué la première partie c’est par >ici< !
Retrouvez toutes les références en fin d’article.
Aéroport de Vienne – 09h50
Gros cafouillage dans la file en partance de Washington : une partie des voyageurs sont là pour embarquer tandis que les autres patientent comme nous pour faire valider leurs billets. Arrive enfin notre tour, Mr tend le sien ainsi que son passeport à la charmante dame du guichet avare de politesse qui le lui échange contre un nouveau et remettant son passeport à un autre employé. Sur ce elle nous demande de rejoindre la file d’embarquement pour LA… Mr et moi échangeons un regard dubitatif et instinctivement choisissons plutôt de suivre l’employé qui retient son passeport, seul laissez-passer pour entrer sur le territoire américain. Celui-ci slalome rapidement à travers la foule nous obligeant à presser le pas pour ne pas le perdre, puis disparaît derrière une cloison semi-transparente.
Contournant nous aussi la cloison, nous tombons sur un “centre de contrôle” situé à peine à quelques mètres du guichet que nous venons de quitter, ouvert sur le couloir principal et à côté d’une partie de l’aéroport en rénovation où quelques ouvriers préparent du ciment en rigolant. J’aperçois alors une sorte de parcours : on doit poser les valises qui se font fouiller, puis passer sous une arche à détecteur de métaux, et enfin on termine en sous-vêtements pour une fouille corporelle, le tout sous la vigilance de 8 caméras mais tout de même aux yeux de tous…
Notre passeport passe de la main de l’employé de la compagnie à celle d’un agent de sécurité qui le pose à gauche du petit bureau où trône un ordinateur. N’étant pas soumise au contrôle, je reste en retrait et en profite pour observer la scène. Tandis que Mr commence son tour, 3 autres personnes sortent du circuit : 2 personnes typées chinoises et un petit homme de type européen qui a visiblement du mal à rattacher sa ceinture. En me concentrant je comprends vite que cet homme est en réalité handicapé d’un bras et constate avec joie que l’agent de sécurité lui vient rapidement en aide en rattachant son pantalon, lui remettant son sac sur son épaule et en lui glissant son passeport sous le bras, passeport qui était alors passé de la gauche du bureau à sa droite après vérification de l’identité et du billet.
Impatiente, je jette un œil à ma montre : l’avion doit avoir du retard il est 10h10 et le décollage était initialement prévu pour 10h. Je trépigne et vois enfin Mr arriver, dernier de la boucle. J’ai à peine le temps de lancer un regard au couloir principal pour vérifier que la file pour LA est toujours en attente que des mots inquiétants résonnent : « NO PASSEPORT ? Comment ça NO PASSEPORT ? ».
10h20
Voilà 20 minutes que nous nous débattons avec l’agent pour savoir où est passé notre passeport. Mr commence à s’énerver, il hausse la voix, fait de grands gestes alors que son interlocuteur ne cesse de hausser les épaules. On exige qu’il appelle un responsable, son patron, celui de la compagnie … Nous arrivons à nous faire entendre au bout de 10 longues minutes et voyons deux policiers faisant le double de ma taille apparaître, accompagné de l’hôtesse qui nous a changé le billet, du chef de la sécurité aéroportuaire et d’un membre de la compagnie, certainement le responsable d’équipe, reconnaissable au petit badge doré épinglé sur sa veste rouge presque trop parfaite. On nous demande de nous clamer et de leur relater les faits, sans qu’aucun de fasse réellement d’effort pour comprendre la situation, nous accusant même d’avoir perdu le précieux passeport nous-même. La discussion devient houleuse et les nerfs sont mis à rude épreuve : nous voilà coincé dans un pays dont nous ne parlons pas la langue et sans identité.
J’essaye de réfléchir, ça tape dans mes tempes, mon cerveau boue, les images défiles à toute vitesse … Bingo ! J’interviens auprès des 2 hommes des forces de l’ordre : je sais qui est sorti avant Mr du contrôle, à quoi ils ressemblent, comment ils sont habillés, je peux les reconnaître ! Pour moi il s’agit alors d’une erreur tout bête : l’agent voulant aider la dernière personne lui aurait malencontreusement glissé 2 passeports sous le bras au lieu d’un seul. Seulement impossible de le lui demander car ayant fini sa journée et malgré la situation, il a été autorisé à rentrer chez lui …
10h50
Tout le personnel fourmille autour de nous. Je comprends que ce sont des passagers de 3 avions différents qui ont participé à ce contrôle, dont un qui a déjà décollé, et bien que les billets soient scannés les noms sont immédiatement changés en chiffres pour préserver les identités en sécurité. Comment les retrouver ? Le chef de la sécurité de l’aéroport et l’homme au « pin’s » échangent vivement en Allemand sans nous prêter attention, l’un se gratte la tête tandis que l’autre se pince les lèvres les bras croisés sur son costume impeccable. Une décision semble avoir été prise, ils discutent maintenant avec les policiers qui hochent la tête. Le groupe de 4 personnes se tournent alors vers moi et m’annoncent que je vais devoir fouiller les 2 appareils encore au sol…
11h05
Après avoir décrit les 3 individus et surtout demandé à ce que notre valise soit retirée de la soute, je me fais escorter jusqu’à l’avion en partance pour LA. Placée entre les 2 policiers mesurant pas moins d’1m90, droits comme de I et aux regards sévères, j’arpente les couloirs de la Première Classe… rien. S’enchaîne le repérage dans la classe loisir, bien plus pleine et sous tension. Tous les passagers ont été invités à s’asseoir et à rester calme,afin de justifier le retard l’équipage a prétexté un contrôle de routine mais je me rends bien compte que ce n’est pas très crédible, sinon qu’est ce que je ferai là ?!
Je reconnais un premier individu et fais discrètement signe à un des 2 hommes en uniforme qui le fouille immédiatement. Il n’a rien, et malgré un 2 ème tour je ne reconnais personne d’autre.
Nous remontons dans les couloirs de l’aéroport ou m’attend Mr, inquiet et impatient. Toujours guidée par les forces de l’ordre, je lui fais rapidement un signe négatif de la tête en continuant de me diriger vers le second avion en partance pour Washington. Autre avion autre méthode, cette fois la police demande à plusieurs personnes pouvant correspondre aux profils de se placer en ligne au fond de l’appareil, et telle une procédure d’identification je me retrouve face à eux à devoir désigner quelqu’un. Gros moment de gêne quand j’en reconnais un … tous ses bagages sont alors fouillés ainsi que ceux de son accompagnatrice mais toujours aucune trace du passeport…
Centre de Vienne – 11h45
Après une énième bataille pour nous laisser sortir de l’aéroport et entrer dans Vienne, nous voilà assis dans un taxi, dont « nous vous rembourserons le trajet plus tard », en route vers l’Ambassade de France située en plein centre de la ville afin de trouver une solution pour pouvoir repartir dans un sens ou dans l’autre. Malgré nos demandes insistantes pour visionner les caméras de surveillance, nous sommes toujours tenus pour responsables dans l’affaire et n’avons plus grand espoir de continuer notre voyage vers le continent Américain.
Après 10 minutes de trajet à 35 € la course nous arrivons devant un grand bâtiment blanc où flotte le drapeau Français. Nous le contournons et tombons sur un militaire à l’entrée, il est formel : personne n’entre dans l’Ambassade ! Maîtrisant l’Anglais aussi bien que nous parlons Allemand, il nous fait comprendre en pointant une plaque dorée du doigt que c’est au Consulat qu’il faut que nous nous rendions pour refaire une demande de passeport.
Mr active Google Maps : c’est à 20 minutes à pied et il nous faudra traverser le centre de la Capitale pour y accéder. Il est presque midi … soucieux que l’institut ferme à l’heure de la pause déjeuner nous nous mettons à courir à perdre haleine dans les rues pavées, traînants nos bagages à main derrière nous.
12h17, transpirants et essoufflés nous poussons la lourde porte du Consulat pour arriver devant un bureau où il est inscrit les horaires :
« Ouvert de 08h45 à 12h15 et de 13h30 à 17h00
Fermé le Mercredi après-midi »
Nous sommes le 27/09/2017, c’est un Mercredi … les nerfs lâches …